Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 341 —

Donc un jour, mettons de cela une dizaine d’années, un beau matin, un homme s’était présenté chez moi et avait demandé à être reçu. Disons qu’il s’appelait Jean Dascare, sans particule, pour l’intelligence de la narration et n’en parlons plus, car on comprendra quel sentiment de délicatesse envers sa mémoire me pousse à ne pas révéler son véritable nom.

N’étant pas encore ministre, ni en passe de le devenir, étant trop républicain, je n’ai pas pour habitude d’exiger de lettre d’audience à ceux qui demandent à me voir, je l’avais fait introduire de suite et le petit dialogue suivant n’avait pas tardé à s’engager entre nous :

— Mon Dieu, Monsieur, je vous demande pardon de me présenter seul, mais voici ma carte et comme j’ai entendu parler des travaux de Monsieur votre père et de vous-même et que je sais que vous ne croyez pas du tout au feu central de la terre et que vous avez d’ailleurs victorieusement démontré qu’il ne pouvait pas exister, je viens tout à la fois vous soumettre mon plan et vous demander votre avis.

— En effet, lui dis-je, je ne crois pas du tout à la possibilité du feu central ; s’il existait, il y a longtemps que nous aurions tous sauté comme des lapins ou plutôt que la terre n’existerait plus.

— Évidemment.

— Mais continuez, de quoi s’agit-il ?

— C’est très simple, nous sommes à la fin de 1889, l’exposition vient de fermer, j’ai onze ans devant moi ; je voudrais préparer un clou tout à fait extraordinaire pour la prochaine exposition universelle qui ouvrira le prochain siècle, en 1900.