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II

De paris aux antipodes. — Le puits artésien le plus profond du monde. — Faut-il monter ou descendre ? Cruelle énigme.

Tout le monde connaît l’histoire légendaire de ce pauvre vieux savant qui, voulant mesurer le temps de la vision, se mettait à sa fenêtre, descendait quatre à quatre son étage et allait dans la rue pour voir s’il distinguerait encore son image. Il avait inventé un escalier rapide, puis il en était arrivé à descendre le long d’un mât, comme les pompiers, et toujours il était déçu dans ses calculs, jamais il n’arrivait assez vite pour contempler sa propre image.

Il consuma ainsi en efforts stériles une partie de sa vie et finit par mourir tout à fait fou.

Eh bien, ce que je veux conter aujourd’hui est encore plus triste et surtout plus étrange, car l’aventure est arrivée, non pas à un de mes amis, mais à un homme auquel j’avais fini par m’intéresser très vivement ; le malheureux fou était un érudit, un savant de premier ordre par certains côtés, tout à fait inoffensif, mais il possédait le genre de folie le plus curieux et le plus singulier à étudier : il appartenait à la classe des inventeurs.