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qu’à nos jours, ils ne manquent point les contes de Noël et la dernière des paysannes serait en état de vous en dire au moins trois ou quatre, tous plus authentiques et plus terrifiants les uns que les autres. Car il n’y a rien de tel que ces pays de religiosité exaltée pour voir toujours la vie sous ses aspects les plus tristes et les plus tragiques tout à la fois.

Petit à petit, comme il arrive presque toujours entre hommes plus ou moins instruits — et mon ami l’était beaucoup, — la conversation avait touché à tous les sujets et avait fini par devenir tout à la fois mystique et métaphysique.

— Or, disait le baron de Poullaouen, très surexcité, quoiqu’il fut celui de nous tous qui avait le moins bu, mais il pensait à l’anniversaire de la mort de sa mère, qui l’avait laissé jeune encore il y avait une dizaine d’années et qui était justement tombé la veille…

— Or ça je ne demande pas l’avis de mon ami le parisien — et il me désignait du doigt, — qui est un mécréant, mais de vous, l’abbé. Est-ce que vous croyez vraiment à la résurrection générale de tous les hommes, à la fin des temps ?

— Dame, puisque ça nous est enseigné dans les saintes écritures…

— Vous répondez comme un Normand, l’abbé, y croyez-vous vraiment, en votre âme et conscience ?

— J’y crois.

— Et vous croyez à la réunion de toute l’humanité dans la vallée de Josaphat ?

— Certainement.