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Histoire tragique

L’angoisse du néant. — L’obsession de la survie. — L’éternelle douleur de L’impuissance créatrice.

Dernièrement tous les journaux, à la rubrique des Tribunaux, racontaient l’histoire d’un pauvre vieux peintre qui venait de léguer une rente à ses six maîtresses et tout le monde d’en faire des gorges chaudes.

Pour moi je ne connais rien de plus poignant que ce récit et j’en suis resté absolument bouleversé pendant toute une semaine. Aussi bien je vais citer le passage suivant de l’Aurore qui expose clairement le drame intime de cette âme tourmentée.

« Le peintre Goubot, qui, certain soir de 1897, passait, au beau milieu d’une représentation théâtrale, à Liège, de vie à trépas avait de la fortune, il y tenait ; — des héritiers, — il ne pouvait les voir en peinture, — et une demi-douzaine de maîtresses, exactement. Il espaçait parfois ces distractions ; parfois aussi, il en menait de front une paire. Il poussa même la fantaisie, il y a quelques années, jusqu’à atteler à quatre. Il s’en excuse, d’ailleurs, et en des termes fort civils, dans son testament.

« Ou plutôt dans ses testaments ; car il en fit jus-