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tituée, la seconde dit : Ia atfou-i rempit nofrit — soit papa, ô mon père, si l’on aime mieux, et non pas Ia atfu-i et lorsque je tirai la seconde cordelette de poils de chameau elle me répondit : Ia maouit-i — maman, Ô ma mère, de Ia mault-i ou mui. Là encore c’était clair et probant, la lettre U était bien remplacée par la dipthongue OU. J’étais définitivement éclairé et c’est ainsi que, par le plus heureux des hasards, je venais d’avoir le bonheur de fixer définitivement un point de philologie qui séparait les linguistes en deux camps depuis des siècles.

Comme j’étais édifié, je refermai avec soin les sarcophages, après avoir remis les deux poupées, révélatrices sans le savoir, des mystères de la prononciation à travers l’humanité, dans les bras de leurs petites princesses et maîtresses, couchées là depuis des milliers d’années dans leur éternel sommeil hiératique et nous sortîmes tous de la grande pyramide, perdus, chacun de son côté, dans un abîme de réflexions, car, sans avoir compris la partie scientifique de ma découverte, tous mes hommes avaient été très frappés, très émus par la grandeur vraiment tragique de cette scène inoubliable.

Peu de temps après je m’empressai d’en dresser un rapport en double exemplaire que je remis au Khédive par l’entremise de mon cousin, ainsi qu’à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres.

Mais, n’est-ce pas, comme le hasard joue un grand rôle dans la vie ! et c’est pourquoi j’ai tenu à conter ici, simplement et sans phrases, les diverses et parfois empoignantes péripéties de cette découverte