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mais le courant de la vie m’emportait et je ne pensais plus que de loin en loin à la question, lorsqu’il me fut tout à coup donné, il y a quelques années seulement, de la résoudre d’une façon absolument concluante et définitive.

L’événement est tellement inattendu et extraordinaire, par certains côtés, que c’est lui que j’ai résolu de conter, en quelques mots, dans le présent chapitre.

Quoique trop dramatique au point de vue politique, mon voyage en Algérie m’avait donné le désir de passer un jour en Égypte. Je pus enfin le réaliser et le souvenir, toujours vivace, de mon cousin Alphonse Hardon, le grand ingénieur qui fit réellement le canal de Suez, sous les ordres de Lesseps, me fit recevoir à bras ouverts et ouvrir aussi toutes les portes, même les plus fermées, mêmes celles des grandes pyramides.

Avec une grande bonté, le Khédive me conseilla de m’habiller en arabe pour ne pas éveiller les susceptibilités toujours un peu fanatiques des habitants, il me fit donner une escorte sûre, prise parmi ses propres serviteurs et c’est ainsi que j’eus la faveur, unique au monde, non seulement de monter sur les grandes pyramides, mais encore de visiter en détail tout l’intérieur, jusqu’aux profondeurs les plus insensées de celle de Chéops.

C’est là où je retrouvai sur la poussière du sol, des empreintes de pieds d’hommes qui avaient plusieurs milliers d’années et que je pus recueillir assez de grains de blé, remontant aux antiques rois de Memphis, pour en ensemencer tout un petit champ