Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 301 —

un peu pour la rigolade, car mes parents m’avaient trop bien élevé pour que je crusse à toutes ces balivernes ; mais enfin il y avait là, pour ma jeune imagination, motif à un sport cérébral qui n’était pas sans charme.

Plus tard, j’ai toujours regretté d’être arrivé au monde trop tard pour n’avoir pu connaître le grand éléphant blanc (!) de la place de la Bastille. Lorsqu’il fut abattu, des milliers de rats s’en échappèrent et se répandirent dans Paris, ce qui prouve que lui aussi était habité intérieurement, tout comme la baleine de Jonas.

Depuis longtemps toutes ces idées me trottaient un peu confuses dans la cervelle et amorties par le temps, ce grand maigre, comme disait Émile de Girardin, si je ne m’abuse, lorsqu’une série de découvertes, d’évènements ou de petits faits sont venus galvaniser ces vieux souvenirs et me faire espérer que l’on pourrait enfin arriver à une solution et posséder une maison en chair et en os.

La conception est audacieuse ; est-elle réalisable ?

Maintenant très sincèrement, je commence à le croire, quoi qu’il y ait évidemment encore beaucoup à faire dans cet ordre d’idées.

Il est bien évident qu’il ne saurait jamais être question de posséder un vaste appartement, mais simplement un petit logement, chaud et commode, puisqu’il se déplacerait à volonté et que l’homme aurait ainsi résolu le problème de la maison portative et fait la pige à l’escargot et au colimaçon, aussi bien qu’à la tortue.

Du reste écoutez-moi deux minutes et vous allez