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D’abord chaque coup de piston nous envoyant l’air produisait une certaine trépidation, comme le vent d’Autan à Toulouse, mais bientôt la grande favorite déclara elle-même que cela produisait une impression charmante et chacun se mit à rire sous son hublot de mica, moins transparent, mais plus léger que le verre. Mais comme on ne pouvait pas s’entendre à travers le scaphandre et surtout à cause du manque d’air, dans ces hautes régions, on causait en écrivant ses impressions sur le papier de son bloc-note.

Au bout de quelques heures de lente ascension, nous fûmes à moitié chemin et comme j’avais fait capitonner les scaphandres de fourrures en poil d’hareng-saure, personne ne souffrit du froid.

Après avoir bien usé de nos piolets, nous atteignîmes le sommet du Chamalari et par un tuyau ad hoc nous pûmes tous sabler le champagne.

Huit jours après nous recommencions l’expédition avec de nombreux porteurs scaphandriers et arrivés sur le sommet nous montions en quelques heures une vaste salle en bois, avec toutes les rainures parfaitement étanches et avec un gros tuyau ad hoc, venant de l’usine et un baromètre attaché au mur pour suivre les progrès de la pression, nous faisions remplir la chambre d’air, ce qui nous permettait de retirer nos scaphandres et de coucher sur la position après avoir fait un véritable festin et avoir prononcé les discours d’usage.

Le rajah en pleurait de joie et d’orgueil pour son règne, la science, le progrès, ses États et son auguste famille.