La métempsychose
Il y a quelque trente ans, avant et après la guerre, j’ai beaucoup connu une femme de lettres, charmante et bonne entre toutes, Olympe Audouard. Nous nous étions rencontrés chez Dentu, si j’ai bonne mémoire, où j’allais pour faire régler un vieux compte d’Edmond Reille, le premier ouvrage de mon père, paru en 1856, ce qui ne remonte pas à hier.
Jeune d’allure, avec des restes visibles d’une incontestable beauté, directrice du Pavillon, dans un petit entresol au rez-de-chaussée bas de la rue Saint-Roch, si j’ai bonne mémoire, Olympe Audouard, dans la seconde moitié de sa vie, était toujours triste et s’était jetée, à corps perdu, avec l’entraînement irréfléchi et spontané de la femme, dans l’étude des sciences occultes et le commerce abrutissant des tables tournantes.
Pourquoi cette belle intelligence avait-elle ainsi tout à coup sombré ? Parce que la pauvre femme avait perdu à Marseille, je crois, un enfant unique de dix à douze ans et ne s’en était jamais consolée.
Après cette cruelle séparation, elle n’avait plus eu qu’un but : entrer en communication avec son enfant