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l’échelle des êtres, n’existe pas, c’est bien certain et nous ne sommes que le jouet d’une illusion qui devait se dissiper avec nos moyens d’investigation, plus puissants chaque jour…

— Comme ça tombe, c’est ce que j’ai toujours dit et pensé moi-même, ne me basant que sur le raisonnement et la logique.

— En effet, je ne veux pas entrer ici dans de longs détails qui vous ennuîraient tous, mais prenez une goutte de notre sang et regardez-là au microscope ; sous vos yeux les bâtonnets, les microbes, les infiniments petits se divisent et naissent à l’infini, sans cesse. C’est ce que l’on appelait autrefois, sans trop savoir ce que c’était, des hematics et des leucocytes. Est-de la vie cela ? jamais de la vie, c’est bien le cas de le dire.

Et ces corps gélatineux, toute cette immense famille des Rotifères, représentant le troisième ordre de la classe des Rototeurs que vous laissez desséchés, inertes et morts, en poussière au fond de votre tiroir, sur une stapule quelconque, et que vos arrière petits-neveux pourront ranimer des siècles plus tard et rendre à la vie apparente, en les mouillant, est-ce encore la vie cela ?

Non, mille fois non, la vie n’existe pas et n’est qu’un mythe décevant, qu’une illusion charmante mais fausse, du moins en bas de la Faune, de l’échelle des êtres.

— Mais qu’est-ce alors, que cette apparence de vie ?

— Oh ! c’est bien simple et ça nous ramène toujours au grand et unique moteur de l’univers c’est-à-dire