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n’avons pas à revenir ici, va résider forcément dans la nourriture chimique de l’homme, il faut bien admettre aussi, comme conséquence logique et inéluctable, que la dite nourriture va amener fatalement de profondes modifications dans le corps humain…

— Vraiment !

— Comment, vraiment ? Mais à coup sûr ; vous n’ignorez pas que lorsqu’un organe ne sert plus, petit à petit il s’atrophie, et finit même par disparaître complètement. C’est ainsi que les savants les plus éminents ont affirmé pendant longtemps que la rate n’était que le témoin, aujourd’hui inutile et sans emploi, de fonctions ancestrales absolument inconnues.

Eh bien, suivez mon raisonnement…

— Comment donc, je bois vos paroles.

— C’est ainsi qu’avec la nourriture chimique de l’avenir, non seulement nous n’aurons plus besoin de panse de vache, comme disent les paysans, mais même d’estomac.

Les gens dans le besoin pourront peut-être arriver à vendre leur estomac à des maroquineurs ou maroquiniers, si vous aimez mieux, pour en faire des porte-monnaies ou des réticules pour dames…

Puis, baissant la voix, mon pauvre ami, entraîné par son sujet lui-même, me dit tout à coup :

— Et puis après, quoi, ce sera le triomphe tangible et palpable du transformisme, de la méthode de Darwin. Il est bien évident que la plupart de nos intestins, sans emploi, n’auront plus qu’à devenir infiniment moins longs. Ce sera la simplification de la machine humaine et comme nous sommes entre