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sub sole, et, c’est avec raison, que, toujours dans la bouche d’un alchimiste, l’aimable fantaisiste Anatole France place les paroles suivantes :

« Les dents de l’homme sont un signe de sa férocité. Quand on se nourrira comme il faut, ces dents feront place à quelque ornement semblable aux perles des Salamandres. Alors on ne concevra plus qu’un amant ait pu voir sans horreur et sans dégoût des dents de chien dans la bouche de sa maîtresse ».

— Voilà qui est curieux, fis-je, et si mes souvenirs sont exacts, il me semble bien qu’il y a 35 à 40 ans, le vicomte de Maricourt, le petit-fils de l’un des trois valets de chambre qui suivirent Louis XVI à l’échafaud, le baron Hue, je crois, un confrère littéraire de mon père sous l’Empire, publia une brochure aux allures prophétiques dans le même sens et sur le même sujet.

Il reprit :

— Mais aujourd’hui, grâce aux progrès incessants de la chimie, tout cela se précise et les rêves d’hier ne tarderont pas à être la réalité tangible de demain.

Bientôt la chimie, dans l’alimentation, ne sera plus seulement le monopole des confitures, fabriquées, comme chacun sait, avec des sous-produits de la houille, mais deviendra d’un usage commun dans la vie de tous.

Comme on connaît la combinaison chimique de tous les corps solides, organiques où végétaux, viandes, légumes ou fruits que nous absorbons, le jour n’est pas loin où cette abondante et encombrante cuisine sera remplacée par une pilule que nous avalerons le matin pour notre déjeuner et le soir