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homme de la trempe de Zola se trouve ainsi revenir dans le corps d’une femme ; le grand psychologue, après avoir analysé les sentiments de l’homme, pourra analyser ceux de la femme, après un certain laps de temps, il est vrai, avec une égale sincérité, en égale connaissance du moi, ce qui est tout, si l’on veut arriver à décrire des pages vraiment vécues et sincères sur notre pauvre humanité.

Mais, encore une fois, je le répète, je poursuis mes recherches et je ne désespère pas du tout d’arriver à vaincre cette difficulté. Ce ne serait pas du tout l’Androgyne, puisque le phénomène ne se produirait que dans le temps, successivement et non pas simultanément et à longue échéance ; mais quel monde de spéculations merveilleuses pour le penseur, le philosophe, l’observateur un peu attentif et débrouillard. Comme il serait intéressant de savoir, par exemple, par expérience, à quel sexe il est plus amusant d’appartenir, pendant la minute divine où deux âmes s’échangent dans un baiser suprême ! Je ne veux pas déflorer le sujet ; toutefois, il me sera bien permis de constater que, si j’arrive à ce résultat superbe, définitif, ma découverte sera tout à fait parfaite. Et quand je dis cela, ce n’est pas par un sentiment d’orgueil mal placé, qu’on ne le croie pas, du moins, mais simplement parce que je crois avoir la conscience très nette et très précise d’avoir fait faire, dans ces dernières années, un très grand pas à cette partie si intéressante de la physique, des sciences naturelles qui s’occupent de ces deux agents mystérieux encore mal connus à l’heure actuelle et qui cependant régissent l’univers : le fluide-électricité-matériel