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quelques billions de trillions de quatrillions de lieues.

J’attendis tout à la fois avec confiance, impatience et tranquillité et pendant que j’attendais dans cet état d’âme tout à fait particulier et que ne peut pas comprendre le monsieur qui n’a jamais envoyé des dépêches aussi loin, je faisais des calculs et je me disais que même avec mon fluide électrique qui marche vite, il y avait certainement un grand nombre d’astres éloignés de toutes communications, dont je ne pourrais pas recevoir la réponse avant soixante- quinze ans ; et je me disposais même à faire mon testament pour prier les successeurs de mon notaire d’enregistrer les réponses, après ma mort, quand j’ai réfléchi que j’avais toujours le temps d’y penser.

Alors, il me vint à l’esprit, avec la douleur lancinante d’un poignard qui me chatouillerait lentement le cœur, cette idée terrible que je ne pourrais jamais établir de services directs de ballons ou de tramways interplanétaires à dix centimes. Et cette constatation me causa une véritable tristesse.

Mais bientôt les réponses arrivèrent en foule ; je ne m’étais pas trompé. Le problème de la télégraphie à grande distance, à travers les espaces de l’infini, était résolu, des millions d’astres étaient habités et civilisés comme la Terre et, point capital et curieux, avec une connaissance approfondie de l’hébreu, je suis arrivé à traduire et comprendre relativement facilement toutes les dépêches, écrites dans les langues les plus diverses et avec les caractères conventionnels ou non, les plus bizarres.

Je pense qu’il est inutile d’insister sur l’impor-