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— Je vous dirais que vous m’en bouchez un coin. Comment, Dieu, si tant est qu’il existe, voit tout dans le passé et tout dans l’avenir, à travers l’infini des mondes, et vous pouvez m’expliquer cela en dehors de la foi aveugle, scientifiquement ?

— Évidemment…

Les dames, vivement intéressées, s’étaient groupées autour de nous et lorsque le prêtre de Çakia-Mouni reprit en ces termes, l’on aurait entendu voler une mouche dans le grand salon de la place des Vosges de mon ami :

— Je dis que Dieu voit dans tout le passé et dans tout l’avenir, toujours, non parce qu’il est Dieu, mais simplement parce qu’il est avancé dans la connaissance des sciences physiques…

— Vous voulez vous moquer de nous.

— Ce n’est pas dans mon caractère, reprit le prêtre avec un véritable sentiment de tristesse et de doux

    les expériences de M. Fittica et jusqu’à présent rien ne me porte à y ajouter créance. Je crois bien que la production artificielle de l’arsenic ira rejoindre dans l’oubli mérité la synthèse de l’iode de M. Strindberg et la transformation de l’argent en or de M. Emmens.

    « Il est fâcheux qu’on publie des travaux aussi peu sérieusement exécutés, car cela ne fait que jeter du discrédit sur la science.

    « J’ajouterai encore qu’en principe la transformation des corps simples les uns dans les autres ne me paraît pas du tout impossible ; je ne m’élève donc pas contre M. Fittica en m’effrayant sur une idée préconçue et dogmatique ; je prétends simplement que ses expériences ne prouvent rien et que celles de Winchler les annihilent radicalement.

    « Recevez, monsieur le Directeur, l’assurance de ma considération distinguée.

    « E. Noelting,
    « Directeur de l’École de Chimie de Mulhouse. »

    Je n’ai pas, naturellement, à donner mon avis sur cette fumisterie, si bien jugée ci-dessus, je me contente de constater.