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mouvement d’horlogerie de la plus grande précision devait compenser l’inévitable déplacement, résultat du mouvement terrestre.

Tout ça était bien combiné, n’est-ce pas ?

Le grand jour de l’inauguration ou plutôt la grande nuit arrivée, les savants astronomes attachés à la célèbre université de Harward mirent en branle leur machine, belle, polie et fonctionnant comme un chronomètre et prirent plusieurs images ou photographies d’Éros qui posa à souhait comme une jeune fille bien sage, en passant devant le champ du télescope, impatient de retenir ses charmes.

Malgré toute l’impatience des honorables savants, il fallut encore attendre plusieurs jours pour développer les épreuves et avoir quelque chose de propre.

Toutes étaient admirablement venues et démontraient — Ô prodige ! — que la planète Éros était habitée, car on y distinguait très distinctement, très visiblement, une très grosse bête et une de moindre. importance et chose encore plus curieuse, sur chaque image on retrouvait les deux bêtes, mais dans des poses tout à fait différentes.

La grosseur de ces animaux, un peu flous, mais à quatre pattes, ne laissait pas que de rendre un peu rêveurs nos astronomes ; certains affirmèrent que ça prouvait la jeunesse d’Éros — toujours jeune comme son nom — et que ces bêtes énormes devaient être de colossaux cousins de nos primitifs mastodontes.

Enfin on résolut de prendre de nouvelles photographies d’Éros, mais le temps était mauvais, les nuits sombres, il y avait des nuages ; on dût encore patienter quelques jours. Enfin on put repincer Éros