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travaux de terrassement, comme nous, et alors il ne fallait pas s’attendre à recevoir une réponse avant six grands mois.

Cependant certains opinaient pour un temps moins long et faisaient remarquer fort judicieusement que l’on devait se trouver en face d’hommes très avancés, très civilisés, possédant des moyens d’exécution puissants, comme semblaient l’attester leurs canaux géants et qu’ainsi en pouvait espérer avoir une réponse dans un laps de temps moins long.

Le temps se passait ainsi dans l’attente fiévreuse, au milieu de jours qui se traînaient lamentablement. Enfin ce furent les derniers qui eurent raison ; quatre mois après, presque nuit pour nuit — ô prodige vraiment merveilleux et surhumain ! — les habitants de Mars envoyèrent une réponse. Mais procédons par ordre et ne nous laissons pas troubler par l’émotion profonde qui nous étreint encore à la gorge en écrivant ces lignes.

Donc, par une belle nuit, on commença à distinguer vaguement, puis nettement, une lueur rousse, puis un grand incendie à la surface de Mars.

Tous les télescopes étaient braqués comme s’ils eussent voulu violer le ciel. La minute était solennelle et inoubliable ; enfin un astronome s’écria tout à coup :

— C’est bien dans la province des grands canaux, c’est bien en Lybie.

Petit à petit, la lumière se précisa, et nos savants plus morts que vifs, ne sentant plus battre leur cœur purent nettement distinguer et voir à la surface de Mars des signes qu’ils s’empressèrent de copier.