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même fait les honneurs d’une chambre de refroidissement dans laquelle on l’a enfermé, en faisant le froid pendant quelques instants. On descend ainsi à des températures invraisemblables et l’on se sent engourdir sans douleur. On descend insensiblement dans le Nirvana, comme diraient les indiens, sans souffrance ; il est évident que c’est tout à fait idéal.

— Quelques secondes de plus, disait mon ami, et, sans pouvoir protester, sans douleur, très gentiment, je sentais que j’allais faire couic !

— Parfaitement disaient les ingénieurs américains, avec ce gros rire épais et large qui s’harmonise si bien avec la longueur de leurs pieds, parfaitement, mais nous étions là pour arrêter à temps le coup de piston libérateur.

— Dans quel sens l’entendez-vous ?

— Tout cela dépend de la vie plus ou moins agréable que vous fait votre belle-mère ?

Et tout de suite mon ami comprit que ces américains avaient été déjà corrompus par la littérature de nos cafés concerts.

Mais nonobstant cette conversation plutôt frivole, comme ils étaient trop heureux de tenir un journaliste parisien qu’ils croyaient influent, ils lui firent les curieuses révélations suivantes, entre deux coupes de champagnes frappé et comme mon ami en fut très frappé lui-même, je m’empresse de vous transcrire ici les dites sensationnelles révélations :

— Voyez-vous, Monsieur, nous sommes venus dépenser ici un ou deux millions de dollars et monter une fabrique de glace artificielle en vue de l’Exposition de 1900. C’est ce que voit le public, mais