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vont pas finir par intervenir ; si ces cercueils, mis à la cave, ne finiront pas par faire tourner les vins fins, et puis enfin, quand les morts se seront ainsi accumulés dans la famille, ce sera toujours bien encombrant, pendant un déménagement…

Aussi j’ai proposé, moi modeste, une autre solution par cablogramme, c’est tout bêtement d’incinérer les corps ; de la sorte, plus rien à craindre des voleurs de cadavres et autres cambrioleurs de nécropoles. Oui, mais les Américains n’aiment pas ça.

Quoi alors ? Si cela continue, cette grosse question menace de passionner les États-Unis bientôt autant que l’affaire Dreyfus chez nous, et ce ne sera pas peu dire.

Dormez tranquillement, au premier vol sensationnel de ce genre accompli dans une nécropole du Nouveau-Monde, je vous tiendrai au courant de tous les détails. Most horrible ![1]

  1. Toujours dans le même ordre d’idées et pour montrer combien cette poignante préoccupation menace d’entrer définitivement dans les mœurs des Yankees, l’Aurore du 17 février 1900 publiait le petit filet suivant :

    « Il y a quelques mois, Mlle Martel, fille d’un riche commerçant américain, mourait au couvent des Dominicaines de Sèvres. Son père la fit enterrer au cimetière de notre ville puis repartit pour l’Amérique. Il en est revenu mardi dernier, après avoir rendu sa belle âme à Dieu, et voici dans quel équipage.

    « Son corps avait été déposé dans une série de cercueils dont le poids total atteignait plus de quinze cents kilos. La dépouille mortelle de M. Martel avait été d’abord entourée de la mixture réglementaire, puis déposée dans un cercueil de chêne de plusieurs centimètres d’épaisseur ; venait ensuite une enveloppe de plomb de trois millimètres d’épaisseur, puis un autre cercueil de chêne de cinq centimètres d’épaisseur, le tout boulonné, rivé… à faire frémir.

    « Il a fallu quinze hommes pour déposer ce monument sur le char funèbre, qui fléchissait sous le poids, et quand on arriva au cimetière, on dut surseoir à l’inhumation : la fosse était trop petite !