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diamants, arrivèrent à perforer, en effet, les tombes de ciment armé et à voler parfaitement les cercueils triples de plomb, de chêne, de palissandre et autres bois précieux.

Alors la situation devenait critique et il y eut un instant de stupeur dans toute l’étendue de la République étoilée devant ce duel homérique des milliardaires, défendant leur peau morte et des cambrioleurs de nécropoles.

Vraiment, on ne savait plus comment s’y prendre pour échapper à la rapacité de ces gens, lorsque la solution temporaire, — vous allez voir pourquoi je dis temporaire — fut enfin fournie par un congrès de jurisconsultes, de journalistes et de croquemorts, réunis à cet effet. Ils trouvèrent fort judicieusement qu’en définitive, les cambrioleurs n’en voulaient pas à ces infortunés cadavres et qu’il n’y avait simplement qu’à s’entendre avec eux pour savoir la dîme que l’on devait leur payer, à chaque enterrement de personnage de marque, connu pour sa grosse fortune. Ça rappellerait bien un peu les mœurs des brigands grecs, grands seigneurs des montagnes à qui il faut payer l’escorte pour ne pas être dévalisé, mais l’idée parut excellente ; elle fut mise en pratique et pendant quelque temps on crut la question résolue.

Mais on avait oublié la rapacité des concurrents et un quatrième syndicat, ou un second, si vous voulez, de voleurs de cadavres, se forma et reprit à son compte les opérations des premiers. Ceux-ci, je dois le dire, se conduisirent très justement et loyalement, ils firent défendre, à leur compte, les tombes visées, par une garde à eux. Cette garde fut