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elle, qui était là et que les agents de police poussèrent dehors.

Hélas ! cette condamnation à mort, ce n’était rien, ce n’était que le commencement de mon long martyre, car j’allais être, comme tous les condamnés à mort aux États-Unis maintenant, exécutés et martyrisé vivant deux fois, et c’est vraiment miracle que j’en sois revenu.

Reconduit dans ma cellule, après la condamnation, je fus prévenu, quelques jours plus tard, que j’allais être exécuté, suivant la mode nouvelle, par l’électricité.

J’aurais préféré de beaucoup être pendu, car mes études m’avaient amené à cette conviction invincible que l’on devait être fort longtemps à mourir, si toutefois l’on mourait, et les horreurs de l’amphithéâtre sur un corps endormi, mais vivant, me faisaient frisonner à l’avance.

Je fus donc,un matin, conduit dans la salle du supplice, installé et attaché sur le fauteuil d’exécution, avec le casque métallique sur la tète. Vous savez ce que c’est, la gravure a rendu populaire ce mode sauvage d’exécution ; vous le connaissez, je passe sur les détails.

Le courant établi, après de violentes convulsions, je restai inerte sur le fauteuil, j’étais mort ; du moins les bourreaux-médecins qui étaient là le déclarèrent.

Mais non, j’étais vivant, bien vivant, seulement dans un état d’insensibilité anesthésique et j’entendais parfaitement tout ce que disaient les médecins autour de moi ; je l’entendais même avec cette acuité de perception que donne l’empoisonnement