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poignés tous par cette lutte décevante de l’homme contre la succession de cercles magiques, celui du fer magnétique, celui du feu, celui de l’optique et le souffle haletant de notre propre oppression.

Enfin Marius, toujours vaillant, rompit le premier ce silence solennel :

— Et comment fites-vous pour en sortir, mon bon Boucairol, puisque te voilà vivant !

— C’est bien simple, le quatrième jour, le patron eut une idée géniale, il nous fit faire à tous un grand cercle de feu, sur nous-mêmes et le soir, en voulant faire un cercle, nous avions fait une ligne droite et nous étions sortis du cercle magique et nos boussoles remarchaient… mais onze des nôtres étaient morts en route…

Un tel prodige nous laissant tous bouche bée, le narrateur reprit en manière de conclusion :

— L’optique, mes enfants, toujours les effets d’optique qui font tant de victimes au désert.

— Et même à Marseille.

— Comment cela ?

— Le mirage !

Et nous partîmes tous d’un vaste éclat de rire qui, sortant par les vitres du wagon-restaurant, alla secouer fortement la Camargue et la Crau, à telle enseigne que l’on crut à un tremblement de terre aux Saintes.