IX
On était encore sous le coup de cette terrifiante histoire des amours sous la tente arabe, lorsque tout à coup, regardant ma montre, je m’écriai :
— Il est 7 h. 35, le rapide pour Paris part à 7 h. 40 ; je n’ai plus que 5 minutes, je me sauve en vous remerciant de votre cordial accueil et de votre bon et excellent banquet de l’amitié…
— Jamais de la vie, fit Marius, vous allez raconter aussi votre petite histoire, et vous prendrez le rapide suivant de 8 h. 3 minutes du soir. Vous avez bien le temps, en vingt minutes passées, je suppose, mon bon… Allez-y ! |
Ainsi mis aimablement au pied du mur, il n’y avait qu’à s’exécuter, aussi, sans plus tarder, je commençai en ces termes :
— Puisque vous m’y forcez absolument, je vais vous conter comment on mourait aux Colonies, il y a longtemps, en Amérique, au lendemain de la découverte et de la conquête par les Espagnols.