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de pénétrer la nuit, auprès d’elle, à côté du vieux mari, sans le réveiller, et c’est là le côté délicat de l’entreprise.

Cependant, les chiens le connaissent et ne bougent pas ; alors, il pénètre silencieusement, un couteau entre les dents pour se défendre, mais sans vêtements, tout nu, pour ne pas offrir de prise et ne pas être reconnu et c’est ainsi que dans le silence le plus absolu, étouffant leurs soupirs, les amants arrivent à tromper le mari endormi sous la même tente.

La femme est une drôle de créature, va ; mais ce n’est pas toujours ainsi que les choses se passent, l’amoureux n’est pas toujours aussi brave et le mari n’est pas toujours vieux. Alors, pour arriver à leurs fins, quand une femme veut absolument trahir son mari et donner des gages d’amour à son bon ami, voici comment elle s’y prend : la nuit, à une heure convenue, du côté de la tente où elle repose, par conséquent du côté opposé à son mari, elle endort la surveillance de ce dernier et le trompe en passant seulement la moitié du corps hors de la tente.

— Tiens, par la porte ouverte de la tente, tu vois là-bas, cette autre tente qui se dessine sous la lune. Eh bien, il s’y est passé un drame horrible dans cet ordre d’idées. Il y a cinq ans, la femme du chef, jeune et ardent lui-même, avait trahi ainsi son mari. Celui-ci, se voyant aussi brutalement trompé, comprend tout, prompt comme l’éclair, saisit son grand sabre recourbé qui est à ses côtés et, saisissant à la poignée la chevelure noire, ruisselant sur le tapis, de sa femme, dont le corps était hors de la tente jus-