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VIII

Étranges trépas. — Révélations surprenantes des explorateurs. — La femme mal gardée… sous la tente

Sans se faire tirer l’oreille, Fougasse commença en ces termes :

— Au lendemain de la Commune dont j’avais fait partie comme lieutenant, moi, simple ouvrier mécanicien ajusteur, j’avais dû m’enfuir pour échapper au feu de peloton des Versaillais ; une fois arrivé au Canada, une terre encore française par la langue, après avoir fait quelques petites économies, j’avais installé et confectionné moi-même un modeste manège de chevaux de bois ; cela avait été la fortune, car j’avais bientôt 50 000 francs d’économies ; mais, l’amnistie votée, je m’étais empressé d’abandonner mes amis canadiens et leur excellent pays, trop froid pour moi et j’étais venu installer mon industrie, un peu plus en grand, à Sidi-Bel-Abbès, en plein pays du soleil et de la poésie arabe.

Là, je n’avais pas tardé à me lier avec beaucoup d’enfants du désert ; ils savaient que je les aimais, que je respectais avant tout leur liberté, et c’en fut assez pour m’en faire autant d’amis : dévoués jusqu’à la mort, — cette race loyale ne considère-t-elle pas comme sacré son hôte, dans les deux sens du mot,