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— Toi ?

— Oui, moi ; et à cent mètres en l’air encore ; j’étais sur un petit transport avec un certain nombre de soldats de débarquement en dehors de l’équipage et nous nous trouvions au beau milieu de la mer de Chine… C’était pendant la guerre, vous savez bien quand nous prîmes le palais d’été de l’empereur, en 1860, je crois bien…

— C’est bon, continue

— Donc par une belle après-midi, tout à coup dans le lointain, dans le ciel, haut à l’horizon, apparut un tout petit point noir que venait de découvrir le capitaine — un fier lapin — qui nous dit comme ça après l’avoir lorgné une minute au bout de sa longue-vue :

— Mes enfants, je crois bien que nous sommes foutus.

— Pourquoi ça, capitaine ?

-— Parce que ce point noir dans quarante minutes va crever sur nous ; impossible de fuir. Ce point noir c’est un typhon, une tornade, comme disent les Espagnols, un cyclone, comme nous disons en Europe et ces diables de tire-bouchons, dans leur forme giratoire, dansent un pas de valse dont on ne sort que rarement vivant dans les mers de Chine… et à part lui : il est trop tard pour fuir, dans une demi-heure nous sommes dedans le tire-bouchon d’attraction de ce satané typhon.

Un vieux gabier dit :

— Bast, on défendra sa peau.

Et le capitaine après avoir hoché la tête en signe d’incrédulité s’écria :