Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(66)

Dès que tout notre monde fut rassemblé, je ſommai le Sauvage de tenir sa promeſſe, & de nous conduire enfin en terre ferme ; mais l’ardeur qu’il avoit d’abord montrée s’étoit beaucoup ralentie ; il nous fuyoit pour éviter nos ſollicitations. Tout le jour il alloit chaſſer avec sa famille, & le ſoir il ne paroissoit point dans ſa cabanne qu’il nous avoit abandonnée, & que nous habitions ; nous ne ſavions que penser de sa conduite. Que vouloit-il faire de nous ? Epioit-il le moment de s’emparer de nos effets & de nous quitter ? Ce ſoupcon nous excita à la vigilance, & nous la fimes si exacte, qu’il lui fut impossible de nous voler. Quelques-uns de nos compagnons, las de ſes délais,