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tion acheva de l’épuiſer. Lorſqu’il fut question d’entrer dans le canot, il fut le premier nommé par le ſort, & il y deſcendit ſans ſecours ; la nature ſembloit s’être ranimée en lui, mais c’étoit un effort dangereux que la crainte lui avoit fait faire, & qui raſſemblant toutes ses forces pour un moment, les epuiſa ; il fut le seul de l’équipage qui paſſa une mauvaise nuit à terre : il eut la conſtance de ſouffrir ſans ſe plaindre, il ne voulut point nous réveiller. Lorsque le jour nous eut arrachés des bras du ſommeil, j’allai le voir, je le trourvai dans la plus grande foibleſſe ; j’appelai pour le ſecourir, tout le monde se raſſembla ; mais que pouvions-nous ? Ma derniere