Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(22)

force des lames nous jetterent au bout d’une demie-heure hors de ces briſans & nous nous retrouvâmes à flots sans gouvernail, combattus par l’eau qui nous environnoit, & par celle qui entroit dans notre vaisseau, & qui augmentoit à chaque inſtant.

Le peu d’eſpoir qui nous avoit encore ſoutenus jusqu’alors, s’évanouit tout-à-fait & notre bâtiment retentit des cris lamentables des matelots, qui se faisoient leurs adieux, se préparoient à la mort, imploroient la miséricorde du Ciel, lui adressoient leurs prières, & les interrompoient pour faire des vœux, malgré l’affreuſe certitude ou ils étoient de ne pouvoir jamais les accomplir. Quel ſpectacle, mon ami ! Il