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tois trop payé par ſes ſentimens, qu’il ne me devoit rien ; que si j’avois eu le bonheur d’être utile à sa mère, ſes ſecours ne m’avoient pas moins ſervi ; qu’à ſon regard, j’avois fait mon devoir, & qu’en contribuant à le tirer de l'Iſle, je ne me flattois point d’avoir expié la barbarie que j’avois eue de l’y abandonner.

Toutes les fois que je ſongeois à l’état où je l’avois trouvé, j’avois horreur de moi-même, & je me félicitois de l’idée que j’avois eue de le faire chercher à terre, & ensuite de l’inhumer. Je fremiſſois, en penſant qu’il ne ſeroit plus, ſi lorſque le Soldat étoit venu nous dire qu’il étoit mort, nous avions continué notre route.

Je quittai enfin Madame La-