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donnant son corps même pour aliment.

Oſerai-je vous l’avouer, mon ami ? Vous allez frémir en liſant ce qui me reste à vous apprendre ; mais croyez que votre terreur n'est pas encore égale à la mienne. Voyez à quel excès le deſeſpoir & la faim peuvent nous porter, & plaignez-moi des malheurs auxquels j’ai été exposé.

Lorſque ces aventures terribles ſe préſentèrent à mon imagination, mes yeux égares tombèrent sur mon Negre : ils s’y arrêtèrent avec une espèce d’avidité. Il se meurt, m’ériai-je avec fureur, la mort la plus prompte ſeroit un bienfait pour lui : il va y succomber lentement ; tous les