Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(190)

plus ſoutenir notre miſérable vie.

Je me jettai à terre en prononçant ces mots. Madame Lacouture ſe mit à côté de moi : mon Negre se plaça à nos pieds, & à quelque distance : nous répandions tous des larmes ; nous ne nous regardions pas ; nous observions un ſilence farouche ; nous étions enſevelis dans des réflexions funeſtes ; nous nous devinions mutuellement ; nous n’avions pas beſoin de nous les communiquer ; elles ne rouloient que ſur notre affreuſe ſituation.

Dans ce moment les plus noires idées m’agitoient. Eſt-il quelqu’un, me disois-je, qui jamais ſe soit vu réduit à la même extrémité que moi ? Quel homme s’eſt