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branches les plus groſſes, & craignent de ſe fier à celles qui plient ſous leur corps. Je m’aviſai en même temps de lancer auprès de cet arbre de gros tiſons allumés, qui puſſent effrayer l’animal, & l’engager à quitter ſon entrepriſe. J’en jettai plusieurs avec tant d’adreſſe & de bonheur, qu’ils s’arrêtèrent au pieds de l’arbre, ſe croiſerent les uns ſur les autres en tombant, & continuèrent d’y brûler comme dans notre feu, qui par le ſoin que j’avois pris, étoit devenu un bûcher extrêmement ardent. La clarté que jettèrent ces brandons éblouit l’ours, qui redescendit avec précipitation, en prenant le côté du tronc qui leur étoit opposé & s’éloigna ſur le champ.