Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(146)

de place, il étoit obligé de ramper & de se traîner sur le ventre. Je veillai sans ceſſe auprès de lui pendant la nuit ; lui-même ne ferma pas l’œil : il me parloit quelquefois, c’étoit pour me remercier de mes ſoins, & pour me témoigner combien il y étoit ſenſible, & le regret qu’il avoit de retarder notre voyage. Je n’ai rien entendu de plus tendre & de plus touchant que les diſcours qu’il me tenoit sur ce ſujet. Ce jeune homme avoit une ſenſibilité profonde, un ſens & une fermeté qu’on n’a pas ordinairement à cet âge. Il se trouva très-mal vers le point du jour ; il n’y avoit presque pas de minutes où je ne m’attendiſſe à le voir paſſer : j’avois eu la précaution de tenir ſa