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deau qui m’avoit tant coûté, à le voir emporter par les flots. Cette dernière idée, que le premier malheur que nous avions éprouvé fortifioit encore, dechiroit mon cœur, & me jettoit dans un deſeſpoir que rien ne pouvoit calmer, & que chaque minute augmentoit. Je ne balançai pas cependant je remplis les devoirs que l’humanité m’impoſoit : je me reſignai à tous les maux qui m’étoient encore préparés ; je les offris au ciel, & j’en attendis ma récompenſe.

Je courus décharger le radeau des proviſions que nous y avions placées. Mon cœur ſaigna encore à la vue de cet ouvrage qui m’alloit peut-être devenir inutile. Je ſongeai à l’amarrer de ma--