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foyers miasmatiques ; le boisement contribue aussi pour sa part à cet heureux résultat. Comme le dit M. Magne, les végétaux, en arrêtant les rayons du soleil, en absorbant les effluves, en décomposant les gaz malsains et en émettant de l’oxygène, assainissent les environs des marais. Des arbres rapprochés en lignes agissent en outre favorablement en activant les mouvements ascensionnels de l’air, en dirigeant les vents les plus fréquents sur les lieux insalubres, et en facilitant ainsi la ventilation et la dispersion des émanations délétères dans l’espace. Les lignes d’arbres doivent être disposées de manière à détourner des habitations les vents insalubres et à diriger sur les marais tous les courants d’air en général. Les plantes herbacées peuvent même être utiles ; on cite en Lombardie des contrées préservées des émanations marécageuses par des champs de maïs. Les grosses fèves, qui réussissent très bien dans les marécages, peuvent aussi contribuer à les assainir. D’autres fois, il peut être utile d’arracher des arbres qui nuisent à la ventilation ; des marais ont été assainis par des coupes de bois, faites de manière à donner passage à certains courants d’air.

Les cultures des Arabes, faites au hasard dans les parcelles de terre propre au labour, sans extirper les buissons, sans niveler les bas-fonds humides ni les anfractuosités, et presque sans plantations d’arbres, sont loin de jouir de la même efficacité assainissante que les cultures européennes.

Enfin M. H. Martinet, qui voit les effluves comme étant les véhicules d’êtres organisés microscopiques qui conservent la vie même après avoir pénétré dans les organes respiratoires, propose, pour détruire ces petits êtres, d’empoisonner les marais avec des tonnes d’arsenic[1]

  1. Abeille médicale, année 1854, p. 323.