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sant qu’elles ne s’élèvent jamais au-dessus de 400 à 500 m., et que leur propagation horizontale ne dépasse pas 200 à 500 m., ce sont du moins les résultats donnés par Montfalcon. Mais on voit ce qu’une évaluation aussi générale a de peu rigoureux, car les circonstances changent pour chaque localité.

Les observations nombreuses qui ont été faites sont en contradiction avec les données qu’on a voulu poser comme une loi fixe, invariable. C’est ainsi que, d’après M. Lafosse, on a constaté que la limite des miasmes auxquels est due la fièvre jaune est de 928 mètres. D’après de Humblot, la ferme de l’Encero, située au-dessus de Vera-Cruz, serait regardée comme la limite de la peste dans ce pays. Rigaud a observé que dans les Marais-Pontins, Sezze, qui est à 506 mètres d’élévation, est tout-à-fait exempt des affections qui sont endémiques dans ces contrées. À Rome il suffit souvent d’habiter un deuxième étage pour se soustraire aux fièvres ; ce qui fait comprendre aisément le prix plus élevé des logements situés aux parties supérieures des bâtiments. Cependant dans certains pays, comme en Bresse, par exemple, les lieux élevés sont plus insalubres que les plaines.

Cette propagation des effluves en hauteur peut s’expliquer par l’influence de la chaleur et de la température qui règnent et varient beaucoup suivant les régions que l’on considère. Le calorique augmente la force dissolvante de l’air et active le déplacement de ce fluide, à mesure que les couches de l’atmosphère sont échauffées, raréfiées par la chaleur, elles dissolvent une plus grande quantité d’émanations et les entraînent dans l’espace ; l’air qui vient occuper la place abandonnée par celui qui s’élève, s’échauffe, se dilate, s’en charge à son tour, et les dissémine ensuite comme celui qui l’avait précédé sur la surface du marécage.