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ont fait l’analyse de la rosée, recueillie sur les bords des marais et dans laquelle ils supposaient que l’effluve était renfermé. Ils ont remarqué que cette rosée répandait, en se putréfiant, une odeur sulfureuse ou cadavérique, et présentait une réaction alcaline, probablement ammoniacale. Plus tard, Dupuytren, Thénard, Boussingault ont poursuivi ces études ; ce dernier a constaté : par l’acide sulfurique, la présence de matières organiques ; par la combustion du miasme, l’existence d’une forte proportion d’hydrogène converti en eau.

M. Magne, dans son Traité d’Agriculture, donne la composition des substances qui s’élèvent des marécages ; il les trouve formées en grande partie de gaz hydrogène proto-carboné, quelquefois d’hydrogène sulfuré, de gaz ammoniac et de vapeur d’eau contenant une matière azotée très putrescible.

La matière organique reconnue dans l’air des marais a été regardée comme le principe, l’élément constituant le miasme paludéen ; mais MM. Pallas, Lambron, et surtout M. Burdel (de Vierzon), nient l’existence du miasme organique, et veulent lui substituer une influence tellurique, une action analogue à celle de l’électricité due à la réaction des substances diverses contenues dans le sol des pays marécageux. Un praticien distingué du département de l’Indre, M. le docteur L. Gigot (de Levroux), fait passer, en l’appelant au moyen d’un aspirateur, l’air des marais à travers un tube en U contenant, dans sa partie recourbée, de l’acide sulfurique pur, dans lequel cet air dépose les détritus organiques qu’il renferme. L’acide, incolore et limpide au commencement de l’expérience, ne tarde pas à brunir, et sous l’objectif du microscope, il laisse voir des débris divers de plantes, d’insectes, d’infusoires que l’auteur a fait dessiner, et dont quelques-uns offrent des dimensions assez considérables. A-t-il mis la main sur le véritable agent de l’intoxica-