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sans succès de les dessécher. Le pape Pie VI, qui occupa le siége pontifical de 1775 à 1795, chercha vainement les moyens d’assainir ces marais ; il fit exécuter les plus grands travaux que n’avaient entrepris jusqu’ici ses prédécesseurs ; malheureusement ces travaux n’ont pas été dirigés comme ils auraient pu l’être, aussi cette entreprise demeura-t-elle inachevée et incomplète. Les vains efforts et les tentatives infructueuses que fit ce pontife pour reconquérir à l’agriculture ces vastes plaines palustres furent sans succès, et les Marais-Pontins demeurèrent comme par le passé insalubres et malsains.

Nous pouvons voir par ce court historique des Marais-Pontins que le dessèchement des marais concerne non-seulement la santé des hommes et des animaux qui habitent ces contrées, mais qu’il rend à l’agriculture des terres du plus grand prix. Aussi les Grecs avaient-ils adopté un vieil adage et disaient-ils de ceux à qui ils voyaient faire une fortune brillante et rapide : « Ils défrichent des marais »[1].

La Hollande est un pays presqu’entièrement marécageux, mais où l’hygiène a fait de très grands progrès, surtout dans la Zélande dont l’insalubrité naturelle diminue tous les ans. Ce pays, conquis sur les eaux de la mer, doit sa salubrité aux travaux ingénieux de ses habitants ; ce peuple a construit des digues considérables pour retenir les eaux qui ont été reculées et tendent toujours à envahir les lieux que jadis elles recouvraient. Si, dans certains cas, on doit lutter contre l’envahissement des eaux de la mer, celles-ci peuvent quelquefois se retirer sans que la main de l’homme l’y force, laisser ainsi des dépôts sur le rivage et être par la suite la cause de formations palustres assez considérables. Tel est, par exemple,

  1. Rotchoux, Dict. de Méd., t. xix, p. 155.