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Pour le pourtraict de Pyrame.
Il ne faut que peindre l’Aurore
Sous l’habit d’un jeune garçon.
Cognois-tu les lis et les roses ?
En sçay-tu faire les pourtraicts ?
En un mot, sçay-tu tous les traicts
De toutes les plus belles choses ?
As-tu veu ces tableaux hardis
Qui, sur les autels de jadis,
Ont porté le pinceau d’Appelle ?
Sçache que tu m offenceras
De ne prendre au plus beau modelle
Un portraict que tu luy feras.
Suy tous les plus fameux exemples
Des peintres morts ou des vivans !
Voy tout ce que les plus sçavans
Ont fait pour embellir nos temples ;
Voy le teint, les yeux et les mains
Dont l’artifice des humains
A voulu figurer les anges ;
Leur plus superbe monument
Doit quitter toutes ses louanges
A l’image de mon amant.
Si tu voulois peindre Hyacinthe
Pour le faire voir au soleil,
Ou d’un plus superbe appareil,
Vaincre le Tasse en son Aminthe,
Tu peindrois Pyrame ou l’Amour,
Ou ce premier esclat du jour,
Lors que sans ride et sans nuage,
Dans le ciel, comme en un tableau,
Il fait luire son beau visage
Tout freschement tiré de l’eau.
Sois, je te prie, un peu barbare ;
Pour bien faire, ouvre— moy le sein.
Tu dois là prendre le dessein