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Et le maistre des Dieux luy-mesme ouvrit son corps
Pour me faire achever de naistre.
Semeelle, en cet enfantement,
Endura sans estonnement
Que tout le feu du ciel descendist sur la terre,
Et ses mânes contens se vantent aujourd’huy
Qu’au moins de son amour elle brusla celuy
Qui la fit brusler du tonnerre.


THISBÉ POUR LE POURTRAICT DE PYRAME, AU PEINTRE.


Fay-moy, de grâce, une peinture,
Si tu fis jamais rien de beau,
Toy qui des traicts de ton pinceau
Surpasses l’art et la nature,
Mais sans prendre plus de loisir
Que mon impatient désir
Ne peut accorder à mon ame,
Au moins apporte-moy demain
Le portraict de l’œil de Pyrame
Ou celuy de sa belle main.
N’eusse-tu tracé que l’ombrage
De son front ou de ses cheveux,
Ne fais point tant languir mes vœux
En l’attente de ton ouvrage.
Apporte moy dès aujourd’huy
Quelque petit semblant de luy ;
Peintre, n’as-tu rien fait encore ?
Tu recherches trop de façon :