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Jupiter m’eust donné sa faoe,
Et qu’il voulust pour un moment
Me laisser régner en sa place !
J’ordonnerois que les autels
Que par tout l’univers on dresse
Pour les Dieux ou pour les mortels
Ne seroient que pour ma maistresse.
Le Temps, serf de ses volontez,
Comme moy luy rendant hommage,
Laisseroit vivre ses beautez
Sans leur faire jamais outrage.
Je commanderois aux zephirs
De produire une fleur nouvelle.
Toute de flame et de souspirs,
Où je serois peint avec elle.
Quelque si cher contentement
Dont Jupiter nous fasse envie,
La terre seroit l’élément
Où nous voudrions passer la vie.
Paris seroit notre séjour,
Et, dans ceste joye infinie,
Rien que moy, la paix et l’amour
Ne seroit en sa compagnie.


LE DESGUISÉ.
Pour Monsieur le Premier.


Dans la félicité des grâces de vos yeux,
Dont l’esclat m’est si cher alors qu’il me consomme,
Pouvant passer pour un des Dieux,
Ce que je suis n’est plus que le semblant d’un homme.