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Le plaisir dune odeur naïfve ;
Leur object nous contente mieux
Et se monstre devant nos yeux
Avec une couleur plus vive.
Les oyseaux, qui sont si bien teints,
Ne couvrent point d’une autre image
Le lustre d’un si beau plumage
Dont la nature les a peints,
Et leur céleste mélodie,
Plus aimable qu’en Arcadie
N’estoient les flageolets des Dieux,
Prend elle-mesme ses mesures,
Choisit les tons, fait les césures.
Mieux que l’art le plus curieux.
L’eau de sa naturelle source
Treuve assez de canaux ouverts
Pour traîner par les plis divers
La facilité de sa course ;
Ses rivages sont verdissans,
Où des arbrisseaux fleurissans
Ont tousjours la racine fresche ;
L’herbe y croist jusqu’à leur gravier.
Mais une herbe que le bouvier
N’apporta jamais à sa cresche.
Ces petits cailloux bigarez
En des diversitez si belles.
Où trouveroient-ils des modelles.
Qui les fissent mieux figurez ?
La nature est inimitable.
Et dans sa beauté véritable
Elle éclatte si vivement
Que l’art gaste tous ses ouvrages
Et luy fait plustost mille outrages
Qu’il ne luy donne un ornement.
L’art, ennemy de la franchise,