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Peuvent accomplir leur année,
Dans leur plus favorable jour,
N’ont rien d’esgal à la journée
De vostre bien-heureux retour.
Vostre démon, tenant la guerre
Reduitte à sa dévotion,
Laisse gronder l’ambition
Des plus vaillans Roys de la terre ;
On n’en void point du temps passé
De qui le renom effacé
Ne vous rende un muet hommage.
Et le marbre, devant vos lys,
Est honteux de servir d’image
A leurs exploicts ensevelis.


ELEGIE.


Souverain qui régis l’influence des vers
Aussi bien que tu fais mouvoir tout l’univers,
Ame de nos esprits, qui dans nostre naissance
Inspiras un rayon de ta divine essence,
Pourquoy ne m’as-tu fait les sentimens meilleurs ?
Pourquoy tes beaux trésors sont-ilz coulez ailleurs ?
Je voy de toutes parts des escrivains sans nombre.
Dont la grandeur a mis mon petit nom à l’ombre.
Je n’ay qu’un pauvre fond d’un médiocre esprit.
Où je vay cultiver ce que le Ciel m’apprit ;
Des tristes sons rimeurs, d’un style qui se traine,
Espuisent tous les jours ma languissante veine.
Si j’avois la vigueur de ces fameux Latins,
Ou l’esprit de celuy qui força les destins,
Qui vit à ses chansons les Parques desarmées
Et de tous les damnez les tortures charmées.