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Dont la nouvelle intelligence
Puisse accompagner les desseins
De leur cruelle diligence,
Que des lutins, des loups— garoux,
Obéissant à leur courroux,
Viennent icy pour me confondre,
Dieu, qui leur serrera la voix,
Pour mon salut fera respondre
La saincle authorité des loix.
Qui peut avoir assez de front.
Quels fols ont assez de licence
Pour ne se taire avec affront
A l’abord de mon innocence ?
Et, quoy que la canaille ait dit
Pour l’argent ou pour le crédit
Dont on leur a jette l’amorce,
Dans les mouvemens de leurs yeux
On verra qu’ils parlent par force
Devant des juges et des Dieux.
grand maistre de l’univers,
Puissant autheur de la nature.
Qui voyez dans ces cœurs pervers
L’appareil de leur imposture ;
Et vous, saincte mère de Dieu,
A qui les noirs creux de ce lieu
Sont aussi clairs que les estoilles.
Voyez l’horreur où l’on m’a mis.
Et me desveloppez des toiles
Dont m’ont enceint mes ennemis !
Sire, jettez un peu vos yeux
Sur le précipice où je tombe ;
Saincte image du roy des cieux,
Rompez les maux où je succombe.
Si vous ne m’arrachez des mains
De quelques morgueurs inhumains