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Ce qu’il a si fort attaqué
Demande qu’on m’anéantisse.
De peur que, me rendant au roy,
Les marques de son injustice
Ne survivent avecques moy.
Juste Roy, protecteur des loix.
Vous sur qui l’équité se fonde,
Qui seul emportez sur les roys
Ce tiltre, le plus grand du monde,
Voyez avec combien de tort
Vostre justice sent l’effort
Du tourment qui me désespère :
En France, on n’a jamais souffert
Ceste procédure estrangere
Qui vous offence et qui me perd.
Si j’estois du plus vil mestier
Qui s’exerce parmy les rues,
Si j’estois fils de savetier
Ou de vendeuse de morues,
On craindroit qu’un peuple irrité,
Pour punir la témérité
De celuy qui me persécute.
Ne fist avec sédition
Ce que sa fureur exécute
En son aveugle esmotion.
Après ce jugement mortel,
Où l’on a veu ma renommée
Et mon porlraict sur leur autel
N’estre plus qu’uu peu de fumée,
Falloit-il chercher de nouveau
Les matières de mon tombeau ?
Falloit-il permettre à l’envie
D’employer ses injustes soins
Pour faire icy languir ma vie
En l’attente de faux tesraoins ?
Mais quelques peuples si lointains.