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Tout le mal qu’il vous font entendre,
La fureur de mes ennemis
M’auroit desjà réduit en cendre ;
Que leurs escrits et leurs abois,
Qui desjà depuis tant de mois
Font la guerre à mon innocence,
M auroient fait faire mon procez.
Si dans ma plus grande licence
Je n’avois esvilé Texcez ;
Que c’est un procédé nouveau,
Dont Ignace estoit incapable.
De fouiller l’air, la terre et l’eau,
Pour rendre un innocent coulpable ;
Qu’autrefois on a pardonné
Ce carnaval desordonné
De quelques uns de nos poètes
Qui se trouvèrent convaincus
D’avoir sacrifié des bestes
Devant l’idole de Bachus ;
Qu’à mon exemple nos rimeurs
Ne prendront point ce privilège.
Et que mes escrits et mes mœurs
Ont en horreur le sacrilège ;
Que mon confesseur soit tesmoin
Si je ne rends pas tout le soin
Qu’un bon chrestien doit à TEglise,
Et qu’on ne voit en aucun lieu
Qu’un vers de ma façon se lise
Qui soit au deshonneur de Dieu ;
Que l’honneur, la pitié, le droict,
Sont violez en ma poursuite,
Et que certain Père[1] voudroit
N’avoir point empesché ma fuite ;
Mais la honte d’avoir manqué

  1. Le P. Voisin.