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Bersiane.

Non ! mais tousjours les vieux veulent qu’on les respecte ;
Vous deviez pour le moins un de nous advertir,
Faire quelque semblant que vous alliez sortir.

Thisbé.

Sçais-tu pas bien que j’ayme à resver, à me taire.
Et que mon naturel est un peu solitaire ?
Que je cherche souvent à m’oster hors du bruict ?
Alors, pour dire vray, je hay bien qui me suit ;
Quelquefois mon chagrin trouveroit importune
La conversation de la bonne Fortune ;
La visite d’un Dieu me desobligeroit,
Un rayon du soleil parfois me fascheroit.

Bersiane.[1]

La cheute d’une fueille, un zephir, un atosme ?

Thisbé.

Je te laisse à juger que feroit un fantosme,
Et de quelle façon je me verrois punir,
Qu’un esprit des enfers me vint entretenir.

Bersiaxe.

A ce compte je suis desjà parmy ce nombre.

Thisbé.

Jamais rien de vivant ne sembla mieux une ombre.

Bersiane.

D’où viennent ces desdains ?

  1. Les différentes éditions de cette pièce prêtent à Bersiane le vers qui suit. Peut-être cependant seroit-il mieux de lire :
    La visite d'un Dieu me desobligeroit ;
    Un rayon de soleil parfois me fascheroit :
    La chute d'une feuille, un zephir, un âtome ;
    Je te laisse à juger, etc.