Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Du monstre que le roy défit !
Tout le monde alloit à la guerre[1],
Et chacun s’estonnoit de voir
Le plus brave homme de la terre
Si paresseux à ce devoir.

Je disois, palissant de honte :
Il n’a qu’une valeur trop prompte ;
Mais ce courage est endormy.
C’est en vain que l’honneur le presse :
Il hait trop peu cet ennemy,
Et cherit trop ceste maistresse.



ODE.


Un corbeau devant moy croasse,
Une ombre offusque mes regards ;
Deux belettes et deux renards
Traversent l’endroit où je passe ;
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal ;
J’entends craqueter le tonnerre ;
Un esprit se présente à moy ;
J’oy Charon qui m’appelle à soy,
Je voy le centre de la terre.

Ce ruisseau remonte en sa source ;
Un bœuf gravit sur un clocher ;
Le sang coule de ce rocher ;
Un aspic s’accouple d’une ourse ;
Sur le haut d’une vieille tour
Un serpent deschire un vautour ;

  1. La guerre de 1621 contre les protestants.