Donne un peu de relasche au dueil qui t’a surpris ;
Ne t’oppose jamais aux droits de la nature,
Et pour l’amour d’un corps ne mets point tes esprits
Dedans la sepulture.
La mort, dans tes regrets à toy se presentant,
Te fait voir qu’elle n’est qu’horreur et que misere ;
Pourquoy donc tasches-tu qu’elle t’en face autant
Qu’elle a fait à ton pere ?
Quoy que l’affection te fasse discourir,
Tes beaux jours ne sont point en estat de le suivre ;
Comme c’estoit à luy la saison de mourir,
C’est la tienne de vivre.
Il estoit las d’honneur, de fortune et de jours,
Tes jeunes ans ne font que commencer la vie,
Et, si tu vas si tost en achever le cours,
Que deviendra Livie ?