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Et chaque homme Charon.
La consolation que le prescheur apporte
Ne luy faict point de bien,
Car le pauvre se croit une personne morte,
Et n’escoute plus rien.
Les sens sont retirez, il n a plus son visage,
Et, dans ce changement,
Ce seroit estre fol de conserver l’usage
D’un peu de jugement.
La nature, de peine et d’horreur abbatue,
Quitte ce malheureux ;
Il meurt de mille morts, et le coup qui le tue
Est le moins rigoureux.



CONSOLATION,

À MADAMOISELLE DE L.


Donne un peu de relasche au dueil qui t’a surpris ;
Ne t’oppose jamais aux droits de la nature,
Et pour l’amour d’un corps ne mets point tes esprits
Dedans la sepulture.
La mort, dans tes regrets à toy se presentant,
Te fait voir qu’elle n’est qu’horreur et que misere ;
Pourquoy donc tasches-tu qu’elle t’en face autant
Qu’elle a fait à ton pere ?
Quoy que l’affection te fasse discourir,
Tes beaux jours ne sont point en estat de le suivre ;
Comme c’estoit à luy la saison de mourir,
C’est la tienne de vivre.
Il estoit las d’honneur, de fortune et de jours,
Tes jeunes ans ne font que commencer la vie,
Et, si tu vas si tost en achever le cours,
Que deviendra Livie ?